mardi 25 mars 2008

Faut-il boycotter les Jeux olympiques de Pékin ?

Faut-il boycotter les Jeux olympiques de Pékin ?

"En attribuant les Jeux à des pays comme la Chine l'été prochain, la Corée du Sud en 1988, ou encore l'Allemagne nazie en 1936, le Comité international olympique fait et a fait de la politique, qu'il le veuille ou non." Telle est l'analyse du Temps alors que la cérémonie d'allumage de la flamme olympique a été perturbée hier par des manifestants. "Il serait temps que le cénacle siégeant à Lausanne assume ses choix, ajoute le quotidien. Pourquoi ne pas inviter le gouvernement chinois à la modération ?" Si la presse mondiale est d'accord pour dire que le CIO doit prendre position, la plupart des éditorialistes excluent la possibilité de boycotter les JO. "On ne boycotte pas la deuxième puissance économique du monde, affirme L'Orient-Le Jour. On ne boycotte pas le troisième exportateur mondial. Un tel géant, on le menace verbalement, on fait pression sur lui. Mais on ne le boycotte pas." Haaretz (Israël) va dans le même sens : "Si nous écartions des JO les pays décrits par Amnesty comme des violeurs des droits de l'homme, il ne resterait que 4 participants : les Pays-Bas, la Norvège, l'Irlande et le Costa Rica".



Appels au boycottage des JO et à des gestes symboliques
LE MONDE 24.03.08 14h39


Les Français sont favorables un boycottage politique de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin (8-24 août), mais opposés au boycottage sportif des Jeux, selon deux sondages publiés lundi 24 mars. Selon le sondage CSA pour Reporters sans frontières (RSF) que publie Libération, 53 % des Français sont plutôt favorables au boycottage de la cérémonie d'ouverture par Nicolas Sarkozy (42 % plutôt défavorables) "pour protester contre la situation des droits de l'homme en Chine".

La tendance s'inverse quant au boycottage des JO par les sportifs français. (55 % plutôt pas favorables). Même tonalité pour le sondage réalisé par l'Ifop pour L'Equipe. A la question "Selon vous, la France devrait-elle boycotter les JO de Pékin ?", 60 % répondent "non", mais ils sont 54 % à estimer "que les dirigeants français devraient boycotter la cérémonie d'ouverture".
Le débat agite les milieux sportifs français. Le champion d'Europe et vice-champion du monde du 50 km marche, Yohann Diniz, a déclaré au Journal du dimanche qu'il envisageait de "boycotter la cérémonie d'ouverture ou de clôture" des JO de Pékin pour "faire passer un message à la Chine et à l'opinion publique". M. Diniz est politiquement engagé à gauche.
BERNARD KOUCHNER INTERPELLÉ
Un autre sportif, Romain Mesnil, vice-champion d'Europe et du monde à la perche, s'est dit favorable, vendredi, au port d'un ruban vert durant les JO afin de montrer l'attachement des athlètes au "respect des droits de l'homme". Devant la multiplication d'appels à exprimer une réprobation à l'égard de Pékin, le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, a rappelé sa conviction que les JO constituaient une "chance d'ouverture" pour la Chine. "Nous pensons qu'en ouvrant la Chine au regard du monde, a-t-il déclaré dimanche, le pays changera."
En France, le débat prend de l'ampleur. Le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, ancien défenseur de la cause tibétaine, est de plus en plus interpellé. Jack Lang (PS) l'a exhorté dimanche, au cours du Grand rendez-vous Europe 1-Le Parisien Aujourd'hui en France-TV5, à "sortir de sa réserve" sur le Tibet. "Je me tourne vers un ami, a déclaré M. Lang. Nous avons reçu à plusieurs reprises le dalaï-lama. Que sont devenues les paroles enflammées et justes que tu prononçais ?"
Des intellectuels chinois pour un dialogue avec le dalaï-lama Alors que les réactions aux événements du Tibet au sein de l'opinion chinoise étaient jusque-là dominées par le nationalisme, un groupe d'intellectuels a diffusé, samedi 22 mars, une pétition appelant les dirigeants de Pékin à "dialoguer directement avec le dalaï-lama". Le texte dénonce le "blocage médiatique" sur le Tibet et une "propagande unilatérale déployée dans les médias officiels (...) attisant le ressentiment ethnique". "Le gouvernement chinois, qui cherche à tout prix à s'intégrer dans la communauté internationale, doit montrer un visage conforme à un style de gouvernement civilisé", écrivent les auteurs.La pétition comporte une trentaine de signatures dont celles des écrivains Wang Lixiong, Liu Xiaobo, Yu Jie et Liao Yiwu ou d'avocats tels que Teng Biao et Pu Zhiqiang.


Le périple de la flamme olympique vers la Chine débute sur fond de polémique
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters 24.03.08 13h14 • Mis à jour le 24.03.08 17h29

La traditionnelle cérémonie d'allumage de la flamme olympique, un rituel d'ordinaire convenu et discret, a été l'objet de toutes les attentions, lundi 24 mars, alors que la Chine, pays hôte des Jeux olympiques au mois d'août, est critiquée à travers le monde pour sa répression des manifestations au Tibet.

Quelques milliers de personnes étaient rassemblées à Olympie pour cette cérémonie sur le site du sanctuaire antique autrefois dédié à Zeus, un public uniquement composé d'officiels, de journalistes et de personnes accréditées, l'accès au site ayant été strictement encadré.
INCIDENT À LA TRIBUNELa police grecque était omniprésente des kilomètres à la ronde, dans la crainte d'une action des organisations de défense des droits de l'homme. Cette présence massive n'a pas empêché trois militants de l'association Reporters sans frontières (RSF) de s'approcher de la tribune et de déployer une banderole sur laquelle était inscrit "Boycottez le pays qui piétine les droits de l'homme". Un autre a crié de derrière la tribune officielle "liberté, liberté". Ils ont été aussitôt interpellés par des membres de la sécurité. Le gouvernement grec a condamné l'action de l'association française. Le dirigeant de RSF, Robert Ménard, l'un des perturbateurs de la cérémonie, a par la suite prévenu que son association mènerait des actions "jusqu'au 8 août", date de l'ouverture des JO.
Nicolas Sarkozy appelle la Chine à la "retenue"Le président Nicolas Sarkozy a adressé à son homologue chinois Hu Jintao un message appelant à "la retenue et à la fin des violences par le dialogue au Tibet", a annoncé lundi l'Elysée. "Le président de la République émet le vœu que le dialogue engagé depuis plusieurs années entre les autorités chinoises et les représentants du Dalai-Lama reprenne rapidement et s'approfondisse, afin que tous les Tibétains se sentent en mesure de vivre pleinement leur identité culturelle et spirituelle au sein de la République Populaire de Chine", affirme la présidence française dans son communiqué."Le président de la République a exprimé la disponibilité de la France à faciliter cette reprise du dialogue, dans le cadre du partenariat stratégique franco-chinois", conclut l'Elysée.

La Chine "changera" grâce aux JO, estime le président du Comité olympique
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters 23.03.08 18h04 • Mis à jour le 23.03.08 18h32


Le président du Comité international olympique (CIO), Jacques Rogge, a balayé, dimanche 23 mars, les appels au boycottage des Jeux olympiques de Pékin émis ces derniers jours par les organisations de défense des droits de l'homme, en assurant que la Chine "changerait" grâce l'organisation de l'événement.

"Les Jeux olympiques sont une force au service du bien. Ils sont un catalyseur de changement, non un remède à tous les maux", affirme un communiqué du CIO distribué à la presse à Olympie, en Grèce, où la flamme olympique doit être allumée lundi. "Le CIO est respectueux des droits de l'homme. Nous respectons les ONG et les groupes militants, ainsi que les causes qu'ils soutiennent – nous dialoguons du reste régulièrement avec eux – mais nous ne sommes ni une organisation politique, ni un organisme militant", explique encore Jacques Rogge.
"BOYCOTTER LA CÉRÉMONIE D'OUVERTURE"
Après le perchiste Romain Mesnil, qui avait fait part de son intention de porter un ruban vert durant les épreuves, pour montrer son attachement "au respect des droits de l'homme", un autre athlète a indiqué dimanche vouloir montrer son opposition à la répression chinoise au Tibet. Dans un entretien au Journal du Dimanche, le champion d'Europe et vice-champion du monde du 50 km marche Yohann Diniz envisage de "boycotter la cérémonie d'ouverture ou de clôture" des JO, pour "faire passer un message à la Chine et à l'opinion publique" concernant le respect des droits de l'homme.
"Je ne pense pas que l'on doive appeler au boycott des Jeux, déclare-t-il. Rester chez soi serait une grosse erreur. Il faut qu'on essaie de mener des actions fortes, là-bas, avec les athlètes qui se sentent engagés." Ces initiatives pourraient toutefois se heurter à l'intransigeance du CIO, qui les juge en infraction avec la charte olympique. "Il faut savoir comment on peut contourner le problème", a expliqué Mesnil samedi.
ACTION PRÉVUE POUR L'ALLUMAGE DE LA FLAMME
La cérémonie d'allumage de la flamme olympique, lundi en Grèce, pourrait elle aussi donner lieu à des protestations. Diverses organisations de défense des droits de l'homme favorables à la cause tibétaine se sont réunies pour planifier une action concertée de grande ampleur.
Les autorités grecques, qui ont annoncé qu'elles prendraient "toutes les mesures nécessaires" pour éviter des manifestations ou incidents, ont interdit "panneaux et banderoles" et tout ce qui pourrait servir de projectiles : bouteilles, cannettes ou parapluies, alors que la pluie était annoncée lundi sur Olympie.

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